∞ POSITION du 22/1O/1O au 25/11/1O // MILONGA DEL ANGEL


GERARD LATTIER






Peintre de l'oralité, archiviste et passeur, Gérard Lattier recueille auprès d'amis lointains et proches, dans les faits divers ou plus récemment... les évangiles, de petites histoires oubliées de la Grande. Unique, profonde et baignée d'une très grande humilité, cette oeuvre rend d'abord compte de la société des hommes. Débordant assez largement des feuillets de la morale établie, il incite à prendre acte et à perpétuer un effort de mémoire d'humour et d'humanité.




BIO
Né à Nîmes en 1937, Gérard Lattier vit et peint entre Poulx (Gard) et Ruoms (Ardèche) d’où sa famille est originaire. Il commence à dessiner tout jeune, alors qu’il est affecté d’une grave maladie. Puis à vingt ans, pour échapper à la guerre d’Algérie, il fera un long séjour dans un hôpital psychiatrique militaire: il y trouvera un espace de liberté pour peindre, dessiner et entamer en ces lieux fermés une oeuvre érotique et fantasmagorique hallucinée. Ces oeuvres impressionnèrent les artistes tels Clovis Trouille et Pierre Molinier, qui virent en Lattier le futur grand “Peintre de l’Art Noir”. Mais une cécité subite lui fera abandonner ces gouffres pour adopter une imagerie résolument tournée vers la vie: l’univers des petites gens, les histoires racontées par les anciens, les figures isssues de la culture occitane et, omnipresents, les récits relatant les tragédies de la dernière guerre. Il deviendra faiseur-montreur-diseur d’images peintes recueillant la mémoire populaire avec ses peurs, ses préoccupations, ses révoltes, tout un discours anti-militariste, bref une vaste culture orale, ainsi que l’écrit Pierre Gaudibert, dans le premier ouvrage paru aux éditions de Candide en 1981. Sa peinture se nourrit des histoires transmises, réinventées et réenchantées à l’aide d’un langage qui lui est propre, dans un déploiement de tout le corps: la main, l’esprit, la voix, le geste. Les personnages, alors incarnés en couleurs, en mots et volume sonore viennent hanter notre imaginaire; l’univers qu’il crée, entre émerveillement et tragédie, entre passé et présent, ici et ailleurs, accueille chaque nouvelle figure à la manière d’une pièce manquante qui viendrait prendre place dans le grand puzzle du monde. Au fil des années sa palette s’est faite plus lumineuse, et dans Les Evangiles, série réalisée entre 2006 et 2010 il retrouve les couleurs du Jardin des délices de Jérôme Bosch, après qu’il ait privilégié les teintes sombres et chaudes, celles des enfers chez le peintre flamand. Et c’est sur un ton très libre et subversif, cru mais proche de l’essence du texte, qu’il nous transmet le message des Apôtres.



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